Une place à prendre, J.K. Rowling

" C'est alors qu'il fut foudroyé par une douleur comme il n'en avait jamais connu, une douleur qui lui fracassa le crâne tel un boulet de démolition. 

[...]

la souffrance était insoutenable, insupportable _ et pourtant il devrait la supporter, car il s'écoulerait encore une minute avant qu'il ne perde enfin connaissance."

La mort de Barry Fairbrother, éminent notable, vient ébranler la vie des habitants de Pagford, petite bourgade qui se veut calme, charmante mais surtout au centre d'un complot sans commune mesure. Alors que chacun avance ses pions face à cette vacance fortuite, devant cette place à prendre au sein du Conseil Paroissial, les habitants vont se livrer une guerre sans merci. 

Entre les trahisons, les coups bas et les secrets que les morts divulguent sans crier gare, plus rien ne pourra arrêter les familles qui tentent l'aventure pour défendre cette ville chère à leur coeur. Mais quel prix seront-ils prêts à mettre sur le tapis pour cette ville ? 

Pourquoi ce livre?

Comme pour nombreux lecteurs et lectrices, j'étais curieuse de lire le nouveau livre de la célèbre J.K. Rowling, afin de voir ce qu'elle pouvait encore nous offrir, comment elle parviendrait à conquérir un public maintenant devenu adulte, mais aussi la goûter dans un autre univers. Donc, pour rendre hommage à cette auteure que j'affectionne, il était hors de question pour moi de me gâcher le plaisir en allant lire les avis déjà paru au risque d'altérer sans le vouloir mon jugement. Le jeu du quitte ou double en somme...

Mon avis: 

A ne pas vouloir en découvrir plus que nécessaire j'ai omis d'en lire le résumé en détail et je n'ai pas pris au sérieux sa classification "drame" à laquelle il s'apparentait. Du coup, je pense que ne pas avoir été prévenue du contenu de l'histoire, et de sa mise en scène a dû affecter ma lecture autant qu'elle m'a affecté à certains moments. En effet, je ne m'attendais pas à ça, j'entends par là les sévices sexuels entre autres, mais aussi la drogue, le suicide, bref autant de facteurs qui m'ont donné le cafard alors que je m'attendais plus à une bataille "politique" au sens strict du terme, sans y mêler femmes, enfants et passif lourd.

Pour expliquer l'intrigue du livre, il faut savoir que la mort de Barry Fairbrother n'est pas un évènement dramatique pour tous, car au-delà de la perte d'un mari, d'un père ou d'un ami pour certains, c'est aussi la perte d'un ennemi pour d'autres qui se réjouissent de voir une nouvelle ère s'ouvrir devant eux. A ce moment du récit, je m'attendais à voir se dérouler sous mes yeux une guerre de cloché où chacune des parties viendraient défendre ses choix, en s'interrogeant sur la nature de leurs sacrifices.

Et ils n'ont pas été long à se faire sentir, car très vite l'enjeu va bien au-delà de la sphère politique en impliquant dans ce débat la vie privée en donnant une tournure aux évènements tout à fait disproportionnée! 

Le problème majeur qui partage les habitants de Pagford repose sur une question de frontières, assez banale à première vue, mais qui en fait va modifier l'avenir de plusieurs familles issues de la cité des Champs (type HLM) qui fait tâche dans le décor selon les opposants de Barry Fairbrother. A ce premier constat qui explique la majorité de l'opposition pro/contre cité des Champs, s'ajoute une haine viscérale qui lie chacune des familles entre elles dans ce conflit, et ce n'est pas les personnages qui manquent...

En effet, des personnages il y en à l'appel! J'ai recensé près de 10 familles qui s'affrontent, qui s'entraident que se soit au niveau des parents mais également entre leurs progénitures respectives. Cela fait un paquet de personnages dont il faut retenir les noms, les caractéristiques et le camps choisi dans le conflit politique. Toutefois, je n'ai eu aucun mal à différencier chaque fratrie puisque l'auteure a su mettre l'accent sur leurs différences pour ne pas les rendre similaires. 

D'ailleurs heureusement que le style de l'auteure reste agréable et bien écrit car pour moi c'est ce qui m'a permis de continuer ma lecture quand l'envie me faisait défaut! Comme je l'ai expliqué un peu plus haut, je ne m'attendais pas du tout à lire certains passages, à assister aux drames ici présents qui ont choqué ma sensibilité de lecteur. En voulant me préserver de tout avis j'ai oublié de me renseigner un minimum et donc de savoir à quoi j'allais m'attaquer. 

Néanmoins même si les personnages n'ont vraiment rien de commun, je ne suis parvenue à m'attacher à aucun d'entre eux. La noirceur est bien trop présente pour les rendre plus sympathiques, ils se font tellement de mal qu'il est difficile de les prendre en affection. Pour certain(es)s on ne peut que ressentir que de la pitié.

Si au moins il y avait une touche d'humour, mais contrairement à ce qui est indiqué sur plusieurs sites, je n'ai pas trouvé qu'il y en avait dans ce livre, où alors j'avais déjà trop le blues pour le remarquer.

Mais outre la présence de certaines scènes choquantes, d'autres moments n'étaient pas nécessaires à mon avis ce qui aurait permis de raccourcir le récit et de relancer un rythme parfois trop statique. Ou alors d'étoffer peut-être un peu plus la fin... Évitant ainsi de laisser un flou sur certains personnages, même si on s'imagine plus ou moins la suite pour certains j'aurais aimé n'avoir aucun doute. 

Finalement, le bilan est plutôt mitigé à cause d'une histoire trop perturbante mais rehaussée par une plume toujours aussi agréable à lire!

Publié aux Editions Grasset, le 28 septembre 2012, 682 pages, 24,00€