dimanche 2 février 2014

Le grand coeur, de Jean-Christophe Rufin

" Il est âge où l'on peut forcer sa nature avec sincérité et se convaincre, jour après jour, que l'on suit un chemin nécessaire alors qu'il vous éloigne de votre volonté profonde et que l'on s'égare. L'essentiel est de garder assez d'énergie pour changer lorsque l'écart devient souffrance et que l'on comprend son erreur. "

















Dans la chaleur d'une île grecque, un homme se cache pour échapper à ses poursuivants. Il évoque sa vie et tente de démêler l’écheveau de son incroyable destin. Fils d'un modeste pelletier, il est devenu l’homme le plus riche de France. Il a permis à Charles VII de terminer la Guerre de Cent ans. Il a changé le regard sur l'Orient, accompagnant le passage des Croisades au commerce, de la conquête à l’échange. Comme le palais auquel il a laissé son nom, château médiéval d’un côté et palais renaissance de l’autre, c’est un être à deux faces. Il a voyagé à travers tout le monde connu, aussi à l’aise dans la familiarité du pape que dans les plus humbles maisons. Parmi tous les attachements de sa vie, le plus bouleversant fut celui qui le lia à Agnès Sorel, la Dame de Beauté, première favorite royale de l’Histoire de France, disparue à vingt-quatre ans. Au faîte de sa gloire, il a connu la chute, le dénuement, la torture puis, de nouveau, la liberté et la fortune. Cet homme, c’est Jacques Coeur.

J'ai choisi ce titre parmi d'autre, tout simplement car le personnage historique que représente Jacques Cœur a su titiller ma curiosité. En effet, lors de mes études à la fac, bien que l'Histoire médiévale ne comptait pas parmi mes cours préférés, je me souviens encore bien de ce personnage singulier et de sa chute brutale. Certes, ici, Christophe Rufin nous propose une histoire revisitée, avec beaucoup d'interprétations entre chaque évènement marquant de la vie de ce grand Argentier du Roi, extrapolant sans doute, mais qui a su me captiver. 

Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un roman historique, basé sur la vie d'un personnage important. Il me semble que le dernier que j'ai lu était consacré à la vie de Jeanne La folle, infante d'Espagne, mais je reconnais que j'apprécie particulièrement ce style.

Si le début ne m'a pas conquis d'emblée, à cause d'une période de la vie de Jacques Cœur qui ne m'a pas intéressée plus que ça, la suite par contre m'a captivé. Pour être plus précise, l'enfance de l'homme m'a moins passionné que sa relation avec Agnès Sorel ou que son rapprochement à la Cour de France auprès de ce Roi mesquin dont les seuls faits que je retiennent de lui sont sa folie et la chute de Jeanne d'Arc. 

Jean-Christophe Rufin, utilise très peu les dialogues pour faire vivre son histoire, ce qui aurait tendance à nuire à l'interaction entre ses personnages, mais en retour, il nous livre de très bonnes descriptions sur l'ambiance de l'époque :

" Nulle part à Paris, je n'avais vu autant de riches, pauvres. La haute société était tenue de paraître dans cette ville qui s'honorait d'être la capitale. Malgré la saleté et les misères des alentours, on continuait de mener grand train dans les palais que m'avait jadis décrits Eustache. Mais pour avoir la fierté de s'illuminer de flambeaux et de lustres les soirs de fêtes, on se privait de dîner cinq jours par semaine. Les femmes étaient mieux fardées qu'elles n'étaient nourries. La soie et le velours enveloppaient des carcasses affamées. Malgré les appétits que faisait naître en moi cette vie, je renonçais sans effort à nombre de bonnes fortunes. "

L'histoire de cet homme simple devenu plus riche que le Roi, grâce à la mise en place d'un commerce avec les pays du Levant, aura été suffisamment intéressante pour que je vous la recommande, amateurs d'Histoire. 

Et n'oubliez pas :

A cœur vaillant, rien d'impossible

Publié aux Editions Gallimard, Collection Folio, Janvier 2014, 592 pages, 8,40€




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