mardi 31 juillet 2012

Sentiment 26, de Gemma Malley



" Notre cerveau est prédisposé à avoir un faible pour le mal; après le Nouveau Baptême, il ne tient qu'à nous de rester bons."

Quel prix seriez-vous prêt à payer pour vivre dans une totale sécurité ? Les habitants de la Cité eux ont été jusqu'à bannir leurs sentiments, les plus viles comme les plus charitables... Grâce au Nouveau Baptême ils peuvent désormais vivre sans crainte d'assister au retour des Horreurs qui a plongé notre monde dans le chaos le plus extrême. Protégés par les remparts de la Cité, ils vivent en autarcie suivant le rythme imposé par le dogme du Frère, qui ne cesse de les écarter du mauvais chemin. Une question subsiste toutefois, que cache cette utopie?

Pourquoi ce livre ?
Avant tout, je tiens à remercier Tery pour ce cadeau qui m'a permis de faire une nouvelle excursion dans le monde de Gemma Malley, une auteure qui gagne à être connue! 
De surcroît cette lecture s'inscrit dans le cadre d'une lecture commune mise en place par ComicsBook sur le forum Livraddict. Et en l’occurrence il s'agit d'une initiation pour ma part. 

Mon avis : 
Avant de commencer la lecture de "Sentiment 26", j'avais déjà eu l'occasion de croiser la plume de l'auteure avec "la Déclaration" (livre paru en septembre 2007 aux Éditions Naive) et pour lequel j'avais eu sans conteste un coup de cœur. Désormais, je peux en comptabiliser un autre avec cette nouvelle œuvre qui m'a laissé une très bonne impression.

L'univers dystopique, apparemment cher à l'auteur puisqu'il en était déjà question dans "la Déclaration", nous plonge cette fois-ci dans une thématique différente puisqu'il y est question  de l'humanité face à la violence. En effet, l'auteure imagine un monde dans lequel nous aurions banni les sentiments pour éradiquer le mal, la violence et les perversions en tout genre. Donc, pour protéger l'humanité nous l'avons privé de tout ce qui pouvait la composer.

Le dogme prêché au départ est noble, malheureusement, comme souvent, poussé à son paroxysme, il devient plus néfaste que le postulat de départ. Voici l'angle d'attaque que l'auteure utilise pour nous raconter l'histoire d'Evie, une jeune fille de 17ans ressortissante de la Cité en pleine perte de ses moyens.

Afin de s'assurer du bon fonctionnement de ce paradis isolé, le Système classe le peuple en cinq catégories allant de A pour l'excellence à E pour exécutable. Toute personne ne se conformant pas au schéma prévu serait amenée à subir une nouvelle opération visant à l'élimination de l'amygdale située dans le lobe frontal du cerveau, foyer des sentiments violents et déviants. Toutefois, personne n'a jamais revu les E...

Dans cette situation Evie ne parvient pas à s'y retrouver entre le modèle que lui impose son entourage et les sentiments qu'elle a pour Raffy, garçon se rapprochant inexorablement du D et qui n'est pas son promis! L'amour qu'elle ressent pour Raffy lui fait braver les interdits jusqu'au point de s'enfuir pour le protéger.

Au-delà des murs de la Cité, Evie et Raffy vont devoir faire face à l'inconnu, et redoubler de courage pour tenter de survivre dans cet espace vidé de sa population et dont les ruines de l'ancienne civilisation jonchent le sol.

Comme je l'affirmais plus haut, cette histoire m'a touché de par la justesse du récit mais aussi par rapport aux questions qu'elle a soulevées. L'endoctrinement est largement utilisé ici, pour démontrer le processus par lequel le Système parvient à inculquer sa croyance en bloquant toute notion de critique et de réflexion chez les citoyens de la Cité, afin de les contraindre - sans violence - à ses idéaux. Et pour ce faire, il a recours à la pression sociale, à la manipulation mentale, qui force le sujet à obtempérer pour ne pas être mis à la marge de la société dans laquelle il évolue, et pour être reconnu par ses pairs en tant que bon citoyen.

Evie en est un exemple frappant. Constamment partagée entre ce qu'elle devrait être et ce qu'elle ressent en cachette, on la croise plusieurs fois en proie à la culpabilité remettant sans cesse en question son amour pour Raffy, se forçant à renier tout sentiment envers lui pour rentrer dans le moule. La docilité d'Evie va laisser place à une force de caractère jusque là insoupçonnée qui va s'affirmer au fur et à mesure des événements.

Raffy quant à lui a tendance à être plus explosif, élément perturbateur qui ne cadre pas du tout avec les attentes de la Cité, contraignant cette dernière à devoir se séparer de lui. Il est perpétuellement dans la colère, le déni, ce qui a tendance à nous le rendre parfois agaçant.

Et enfin, Lucas est tout dans la retenue! Le grand frère de Raffy est son exact opposé. Maître de ses émotions, il est parvenu à se hisser au sommet de la société en arborant son A cousu sur ses vêtements. Il est par ailleurs, promis à Evie ce qui ne réjouit pas nos deux tourtereaux. A la fois manipulateur et protecteur, ce personnage ne se laisse pas cerner rapidement, et nous réserve quelques surprises.

Sachez toutefois, que l'histoire d'amour entre nos personnages, bien qu'étant un élément non négligeable dans l'histoire, n'est pas non plus son pivot central. Quand on commence la lecture, Evie et Raffy sont déjà ensemble, on n'assiste pas aux premiers émois mielleux, et quand ils parviennent à s'échapper de la Cité ne vous attendez pas à revivre les scènes du Lagon bleu. L'univers dystopique prend une place très importante dans ce récit, tout comme il le fut dans "La déclaration".

En tout cas, c'est un gros coup de cœur pour moi qui m'a décidé à me procurer la suite de "La Déclaration" pour prolonger le plaisir.

* Vous pouvez trouver différents avis en cliquant sur les liens des blogs qui suivent alors bonne lecture! *



Paru aux Éditions Michel Lafon le 12 avril 2012, 315 pages, 15,95€


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