vendredi 22 mai 2015

Juste une ombre, de Karine Giebel

" Pas encore, Cloé. Ce n'est pas toi qui décides...
Maintenant, elle sait au moins une chose: l'Ombre ne veut pas sa mort. L'Ombre veut qu'elle vive.
L'Ombre commande. 
Et Cloé n'a même plus le choix de fuir. De mourir. 
Aucune échappatoire. 
Elle se remet à pleurer, meilleure façon de se réchauffer. 
Il veut que je vive. 
Pour me tuer de ses propres mains."



Tu te croyais forte. Invincible. Installée sur ton piédestal, tu imaginais pouvoir régenter le monde. Tu manipules ? Tu deviendras une proie. Tu domines ? Tu deviendras une esclave. Tu mènes une vie normale, banale, plutôt enviable. Tu as su t'imposer dans ce monde, y trouver ta place. Et puis un jour... Un jour, tu te retournes et tu vois une ombre derrière toi. À partir de ce jour-là, elle te poursuit. Sans relâche. Juste une ombre. Sans visage, sans nom, sans mobile déclaré. On te suit dans la rue, on ouvre ton courrier, on ferme tes fenêtres. On t'observe jusque dans les moments les plus intimes. Les flics te conseillent d'aller consulter un psychiatre. Tes amis s'écartent de toi. Personne ne te comprend, personne ne peut t'aider. Tu es seule. Et l'ombre est toujours là. Dans ta vie, dans ton dos. Ou seulement dans ta tête ? Le temps que tu comprennes, il sera peut-être trop tard... Tu commandes ? Apprends l'obéissance. Tu méprises ? Apprends le respect. Tu veux vivre ? Meurs en silence...

Encore sous le choc! Quel livre étrange...

Il s'agit de mon premier livre de cette auteure, rencontrée il y a quelques années durant un salon du Livre à Paris. Elle se trouvait juste à côté de Franck Thilliez lors d'une dédicace et j'ai tout de suite était curieuse de connaitre son univers. 

Et bien je n'ai pas été déçue... Aujourd'hui encore, après plusieurs jours, ce livre me trotte encore dans la tête tant il m'a ébranlé et que dire de son dénouement. Je crois n'avoir encore jamais lu un thriller qui me procure des frissons rien qu'en y repensant. 

Je l'ai déjà peut-être expliqué (ou pas...) mais dans un thriller, j'aime beaucoup quand les enquêteurs ont un petit quelque chose d'écorché, et cela tombe bien puisque c'est généralement le cas (pour ceux que je lis). Mais ici, la personnalité du Commandant Alexandre Gomez va bien au-delà du flic abîmé par la vie, il a déjà un pied dans la tombe et ne pense à rien d'autre qu'à mourir. Quant à Cloé, la victime dans cette histoire, elle est à la fois détestable par son côté capricieuse et orgueilleuse, mais aussi pathétique à cause de l'enfer que lui fait vivre cette Ombre mystérieuse. Autant vous dire que Karine Giebel n'a pas été tendre quand il a fallu nous peindre le caractère et l'histoire de ses protagonistes. 

Tout au long du roman je n'ai pas cessée de m'interroger sur la réalité ou non de cette Ombre, cette personne qui cherche à faire passer Cloé pour une cinglée bonne pour l'asile. Cauchemar ou réelle persécution? L'auteure s'amuse à jouer sur les deux tableaux, nous faisant complètement oublier le fil conducteur. 

Quant au dénouement de l'histoire... quoi en dire? J'ai été ébranlée par cette fin, et surtout au sort que l'auteure réserve à ses personnages. 

Malheureusement, à trop tourner autour du pot avec cette Ombre, ma patience a été mise à rude épreuve, m'agaçant parfois, me frustrant d'autre fois. Et j'ai eu à déplorer quelques longueurs quand il s'agissait de suivre les méandres paranoïaque de Cloé et ses agissements puérils. 

En somme, une histoire déroutante avec une plume qui change de l'ordinaire avec des phrases courtes, parfois simplement nominative, mais qui apporte un vent nouveau sur la façon d'écrire un thriller. Et des personnages auxquels on peut difficilement s'attacher mais qui ne manquent pas de nous ébranler. 

Publié aux Editions Fleuve noir, Mars 2012, 512 pages, 20€
Disponible également aux Editions Pocket, Mai 2013, 608 pages, 7,90€

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