dimanche 22 juillet 2012

La Pucelle et le Démon, Benedict Taffin

Synopsis : 

Le mercenaire Sidoine de Valzan est chargé d’escorter la prophétesse Jehanne.
La jeune femme prétend pouvoir remettre le Dauphin sur le trône et rétablir la paix dans le royaume.
Mais à son arrivée, Sidoine découvre qu’elle a été assassinée par des démons.
Il lui faut absolument trouver une femme pour sauver le royaume, mais qui ?
Il ne connaît personne en ces terres étrangères.
Personne, hormis la prostituée avec laquelle il a passé la nuit précédente : Oriane

Oriane… Jehanne… qui verra la différence ?


Source : blog.editions-asgard.com






"On pourrait lui faire la peau tout de suite ! Pourquoi attendre ? Je la lui redonnerai, moi, sa virginité à ta donzelle, avant de la lui reprendre... De la lui redonner... De la lui reprendre..."
Arkshaar,
p.132


Pourquoi ce livre ? 

Comme très souvent... La couverture, les éditions Asgard ont un panel d'illustrateurs qui leur fournit de sacré belle présentation si je puis dire. Le second point vient du titre, ça parle de démon, ça m'intéresse. Le synopsis pour finir, je voulais voir à quoi ressemble cette histoire modifiée de notre chère jouvencelle qui bouta les Anglois hors de France. 

Commérages de quartier ! 

Le prologue nous met dans le bain d'entrée, deux points de vue, l'un de Jehanne qui prie dans une église, l'autre de Sidoine ce guerrier légendaire. Tandis que l'une prie, l'autre est aux putes et préfère profiter des chaudes jambes d'une inconnue que d'aller quérir la donzelle qu'il doit protéger. Ses ébats passés, il se rend au lieu où se tiendrait Jehanne, lorsqu'il arrive, il ne trouve que mort et désolation. Une destruction quasi complète des bâtiments qu'il attribut à des Barghoests qui seraient des êtres démoniaques ayant été invoqués et insufflés dans un corps humain. Jehanne n'est plus, sa tête repose sur une pic à l'entrée du village. Sidoine se doit de rapporter une fille pour que la légende se réalise. Quoi de mieux que la catin qu'on vient de faire jouir pour remplacer une sainte, vierge et extrêmement pieuse ? Notre gentleman retourne donc à la maison close et monnaye le départ de la dite jouvencelle répondant au doux nom d'Oriane.


Ainsi commence notre histoire, nos deux protagonistes sont hors norme si je puis dire. Oriane est une catin et Sidoine un guerrier sanguinaire possédé par un démon. Si l'Église savait leur secret, l'un comme l'autre finirait rôtis sur un charmant bucher. Sidoine se voit dans l'obligation d'emmener l'amie d'Oriane, Cyrielle, armé de ces deux jeunes filles, il veut se rendre de village en village afin d'obtenir une audience auprès du Dauphin pour qu'elle lui insuffle les mots divins des voix qu'elle est sensée entendre... 


Comment une simple catin peut-elle prendre le contrôle des armées ? C'est une des grandes questions historiques. Ici, l'auteure nous donne une version romanesque des raisons, possession ? Amour ? Envie ? Je vous laisse le découvrir.


On suit l'histoire principalement du point de vue de "La Hire", le guerrier, on navigue donc entre son esprit butor passionné par la guerre et son esprit très stratégique. Les voix du démon sont bien représentées car placées en lettres majuscules dans le texte afin de nous donner un point de vue supplémentaire.


J'aime lorsqu'un livre évoque les faits que je considérerais comme réel. Lire "Il prit un coup d'épée et mourut" manque cruellement de détail. Ici, ce n'est pas le cas, les batailles sont sanglantes et montrent bien l'aspect révulsant d'un champ de bataille. Ce côté est très bien mis en avant par le personnage d'Oriane dont l'auteure se sert à merveille de ses sentiments complètement contradictoires de ceux de Sidoine.


L'emploi des ellipses temporelles permet une bonne découpe du récit et nous emmène facilement d'une ville à l'autre, surtout sur la fin. Ceci nous permet de comprendre en quelques lignes d'intenses moments ou de longues batailles.


Cette manière de revisiter l'histoire française m'a passionné. J'ai dévoré ce roman en un temps record, emmené sur les ailes lyrique de l'auteur qui nous transcrit ses pensées avec une fluidité sans pareille et un plaisir incomparable. Le seul bémol serait pour moi l'emploi de certains mots un peu vulgaire qui dénature la beauté du récit.


Un gros coup de cœur pour ce livre !


Paru aux Éditions Asgard, 2012, 320 pages, 17 €



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