mercredi 3 avril 2013

Le dernier hiver, de Jean-Luc Marcastel



_ T'as senti, toi aussi? C'est la mort qui hante cet endroit, Théo! Y a plus personne dans ce bled, ça les a tous dévorés! Et nous aussi, ça nous dévorera, si on ne se tire pas maintenant! 
Théo, poussant le lourd fauteuil contre la porte, ouvrit la bouche pour répliquer, mais Corbeau le devança:
_ Il fait -50°, dehors. Par cette température, nous n'irons pas bien loin, sans compter qu'il fait nuit noire. Nous serons obligés de nous arrêter pour monter notre abri... et ce qui rôde ici aura tout le temps de nous retrouver. Fais comme tu veux, Khalid, mais moi, je préfère me barricader ici plutôt que de dormir sous une simple toile. 
Le ton était calme, sans passion, les arguments assenés avec une logique implacable. On ne discutait pas avec Corbeau.
- Y a des fois, je te jure, je te déteste. 



Présentation de l'éditeur, 2035, 31º C en-dessous de 0. Depuis des années, le Crépuscule baigne Aurillac dans un ciel de sang. L'Hiver s'est installé, un hiver éternel qui dévore les terres et fige l'océan dans la banquise. La Malesève, cette armée de pins monstrueux, a mis à genoux la civilisation. Alors, devant la fin d'un monde, que reste-t-il d'autre que l'amour ? L'amour qui va pousser Johan à braver le froid et les pins pour retrouver sa bien-aimée, l'amour qui va pousser son frère, Théo, à lui ouvrir la voie, l'amour toujours qui incitera Khalid et la jolie Fanie à tout laisser derrière eux pour les suivre. L'amour est-il assez fort pour triompher de la Malesève et de ce qu'elle a fait des hommes ?

Pourquoi ce livre?
J'ai voulu lire cette histoire tout simplement avec l'envie de me plonger dans un univers post-apocalyptique, en plein coeur de la France auvergnate, avec la promesse d'une histoire d'amour à vous chambouler de fond en comble! Le postulat de départ m'a énormément aguiché et j'ai dû attendre de me rendre au Salon de Montreuil pour en faire l'acquisition toute contente!

Une histoire en dent de scie, un coup décevante, un coup captivante!
Le livre était à peine entamé que je le mettais en pause pour d'autres occupations plus trépidantes... En effet, alors que je m'attendais à être prise d'assaut par un scénario apocalyptique, j'ai dû ronger mon frein avant que l'histoire ne commence réellement à me captiver. Le personnage du départ m'a laissé de marbre, alors que le décor n'était pas des plus guilleret!

Ainsi, il m'a fallu attendre que les personnages se lancent dans cette aventure périlleuse, pour que mon intérêt s'éveille. L'histoire des pins vampires, de la Malesève ou de ces créatures mutantes ne m'ont pas gêné au point de vue du réalisme, puisque l'auteur prend le temps de nous expliquer l'évolution de ces espèces par rapport au changement qui s'est opéré sur l'ensemble de la Terre. Ainsi, tant que l'on me fournit des explications, l'intrigue ne perd pas de son crédit. Du coup, le passage où nos personnages  se retrouvent coincés dans cette forêt à lutter pour leur vie, m'a largement comblé, puisque mon rythme de lecture s'est emballé en même temps que les pages.

Malheureusement, une fois que nos amis parviennent à Bergerac, je suis retombée dans l'expectative face aux évènements qui viennent ébranler le peu d'espoir qui leur reste. Le mélange psycho-religion n'a eu aucun impact sur ma lecture. D'ailleurs, à aucun moment je ne suis parvenue à m'attacher à l'un des personnages, et aucune de leur action n'a fait vibrer ma corde sensible. 

De surcroît, le choix du point de vue n'est, à mon avis, pas le plus judicieux. En effet, l'auteur a taillé des personnages aux multiples facettes, avec parfois un dédoublement de la personnalité, ce qui peut être très porteur, mais le résultat n'est pas celui escompté. Avec autant de particularités, un narrateur omniscient, qui nous sert du "on" à certains moments, a rendu ma lecture complexe, sans parvenir à différencier Johan de Théo et Corbeau de Chevalier. Mon manque d'inattention du départ doit cependant y être pour beaucoup, mais en attendant l'explication ne m'a pas non plus marqué.

Au passage, le jeu des chaises musicales version feux de l'amour n'a pas contribué à me convaincre également... J'ai trouvé Johan et Théo, très inconstants au niveau de leurs sentiments. 

Ensuite, concernant la fin et sa morale, je reste une fois encore dubitative sans réel avis, si ce n'est que je ne suis pas tombée des nues et que certains sacrifices ne m'ont pas apporté une once de regret. 

Pour conclure, une histoire intéressante avec de bonnes scènes d'action, mais des personnages qui manquaient non pas de reliefs, mais j'aurais aimé avoir leur ressenti en direct, plutôt que par un intermédiaire parfois maladroit. Toutefois, les décors sont très bien décrits, et les scènes d'action font part d'un tel réalisme que je n'ai eu aucune difficulté à m'imaginer les lieux et les créatures... 

Publiés aux Editions Hachette, Collection Black Moon, le 5 octobre 2011, 450 pages, 16,25€

2 commentaires:

  1. Il me tente depuis très longtemps a un moment ça a carrément virer a l’obsession, oui je suis folle XD Ton avis me pousse pas vraiment a le lire ^^ Maintenant que l'obsession est passé :P

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    1. Je connais également l'obsession avec certains livres, pour lesquels je suis prête à les relire un nombre incalculable de fois, ne t'inquiète pas pour ça xD.
      Moi aussi ce livre me donnait très envie. Et chaque fois que je voulais l'acheter l'exemplaire disponible était dans un piteux état. Du coup ça n'a fait qu'augmenter l'envie...
      Après je n'ai pas noirci tout le tableau, puisque certains points m'ont captivé, mais le choix du narrateur n'a pas contribué à me happer du début jusqu'à la fin. Pourtant je suis très fan des scénarii apocalyptiques, surtout quand les sentiments s'en mêlent.
      Mais s'il t'attend sagement dans ta bibliothèque accorde-lui sa chance ;)

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