vendredi 12 avril 2013

Les voies de l'ombre - Tome 1: Prédation, de Jérôme Camut & Nathalie Hug





Et rien ne peut donner une réelle vision du calvaire qu'ont enduré des dizaines de femmes et d'hommes dont on n'a pour la plupart retrouvé qu'une photo épinglée sur un mur et quelques pages de notes griffonnées d'une main habille sur un carnet de dressage.
Mais cette histoire n'est pas encore terminée.
Nous allons à présent nous intéresser à la descente aux enfers de Rufus Baudenuit. 








Présentation de l'éditeur, Un cadavre nu est découvert dans une friche industrielle, la main droite déchiquetée. Un homme se tire une balle en pleine tête, dans un centre commercial bondé. Un jeune père dressé comme un chien est torturé sans relâche au fond d'un cachot sans porte ni fenêtre. Aucune piste, aucun lien, aucun mobile... Qui sont ces hommes ? Pourquoi ont-ils été choisis ? Pour quelle mise à mort aberrante ? Une nouvelle race de psychopathes est à l'œuvre. Un prédateur imprévisible et monstrueux. Sa traque macabre a déjà commencé.

Pourquoi ce livre?
Cela faisait plusieurs fois que j'entendais parler de cette saga sans jamais m'y être intéressée. Et il fallut d'une fois pour me décider de prendre ce livre dans un rayonnage. En effet, il y a déjà une paire d'années, Céline, mon ancienne collègue avec qui nous échangions des titres, m'avait fait part de son engouement pour cette saga. Puis très récemment, Yannick m'a vanté, quant à lui, l'écriture des auteurs, qui pour ne rien vous cacher, me laissait dubitative par rapport à cette double écriture. Ainsi j'ai sauté le pas...

Étonnamment déroutée!
Mon objection concernant la qualité de cette double écriture s'est envolée après les premiers chapitres, à mesure que les personnages se dessinaient sur un fond d'enquête pour le moins étrange. 

Etant habituée aux thrillers de Franck Thilliez, Maxime Chattam, Jean-Christophe Grangé ou Fred Vargas, pour ne citer que des auteurs français, j'ai en tête une structure qui ne déroge que rarement à la règle. 


Par exemple, l'identité du tueur n'est dévoilée qu'à la fin, ce dernier faisant toujours partie de l'entourage, et enfin on ne connaît que très peu de choses du calvaire des victimes. 
Dans ce livre, les auteurs ont fait le choix de la transparence, c'est-à-dire, l'identité du tueur nous est très vite expliquée, nous découvrons, à travers une victime, la détention de ces esclaves auprès de l'agresseur, et les motivations de ce dernier sont rapidement évidentes.

Si l'on sait tout avant la fin, quel est l'intérêt? D'autant plus que je ne suis pas une grande amatrice des enquêtes de Columbo, on peut alors se demander ce qui m'a plu dans cette histoire : le changement! 

Au final, même si j'aime décortiquer les enquêtes policières, pour tomber juste avant de l'apprendre par les dernières lignes, j'ai trouvé cette histoire passionnante et enrichissante à plus d'un titre. Tout d'abord, la psychologie du tueur m'a interpellé à plusieurs occasions, d'autant plus quand on connait son passif psychiatrique alors qu'il frôle le génie. Puis, le fait de suivre une des victimes retenue en otage par son ravisseur a été une expérience forte en émotions, mais aussi intéressante par rapport au changement de comportement qui s'empare de lui à mesure que les jours passent. On se demande alors s'il ne va pas finir aussi fou que le tueur et développer le syndrome de Stockholm. 

La partie psychologique tient une part non négligeable dans ce roman, je dirai même qu'elle en est le pivot central. Chaque personnage change au fil des pages à mesure que l'enquête se poursuit. La seule constante que j'ai remarqué par rapport à mes précédentes lectures du même genre, reste la personnalité de l'enquêteur, jamais épargné par la vie. Ici on retrouve l'archétype du policier de la Crim' abîmé par la vie, par l'alcool et dont la femme vient de le quitter. Toutefois, les auteurs n'en font pas un super héros qui s'accroche plus que tout avec une volonté de fer, le masque tombe plus d'une fois révélant ainsi un homme en pleine déchéance. 

Enfin, la fin... La fin dont je voyais déjà le scénario écrit depuis plus de la moitié m'a une fois encore étonnée, ne pensant pas voir l'enquête empiéter sur un second volet de cette façon, m'a pourtant bien plu. En effet, alors que je me disais que la résolution de l'enquête allait être un peu facile, un retournement de situation inverse la vapeur et ne peut que me donner envie de continuer au-delà de ce premier tome!

Pour revenir sur cette double écriture, qui m'a laissait sceptique plusieurs temps, je tiens à vous dire que je n'ai ressenti aucun changement de ton. D'ailleurs, à ce sujet, je suis très curieuse de savoir comment les auteurs se sont partagés la plume, si partage de plume il y a eut, ou si cela s'est fait de façon différente; par exemple l'un construit le scénario, tandis que l'autre met en forme, ou si l'un faisait parler certains personnage et le deuxième les autres... Je ne sais pas comment les tâches se sont réparties, mais toujours est-il que mes doutes ont disparu rapidement. 

Je terminerai, sur une note positive puisque malgré mes doutes et une structure différente de mes lectures précédentes, ce premier tome m'a largement conquise et c'est avec plaisir et délectation que je poursuis la chasse au Colonel W. Kurtz qui m'a donné envie de revoir ce film depuis longtemps chassé de ma mémoire (je n'aurai pas fait un Andy très perspicace). 

Paru aux Editions SW Télémaque le 8 juin 2006, 499 pages. Et également aux Editions le Livre de Poche, le 2 mai 2007, 567 pages, 7,60€. Une intégrale composée des quatre tomes est également disponible depuis le 7 novembre 2012, 17,90€

5 commentaires:

  1. Je dois avouer que ce livre m'intrigue beaucoup. Merci pour cette découverte.

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    1. J'ai oublié de préciser "âmes sensibles s'abstenir" mais je pense que tu as du voir et/ou lire pire ;)

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    2. Non, de ce côté là il ne faut pas s'en faire pour moi ;).

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  2. Je viens de finir cette série en début de semaine ! :) (3 livres en tout)

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